Abbaye de Noirlac

Sons de territoires - Un site pour en savoir plus sur son environnement sonore

Quels sons fabrique-t-on, et quels sons entend-on à Bruère-Allichamps ? Comment l'ensemble des sons, qu'ils soient l'effet du travail ou la signature de la nature, la trace de la mémoire ou l'indice des relations humaines, dessine-t-il une appartenance commune à un territoire partagé ?
Comment les sons construisent-ils ce territoire autant qu'ils le révèlent ?
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Désignation des objets sonores :

Musique en Avignon

Adresse / lieux-dits : Route de Noirlac, Bručre

Portraits

Madeleine Lejeune, ou « Le grain de la voix »

Entre 1958 et 1975, Madame Madeleine Lejeune a passé dix-sept années de sa vie professionnelle aux Etablissements Avignon, à une époque où, contrairement à aujourd’hui, aucune réglementation ne régissait le climat sonore des ateliers. De même qu’un train peut en cacher un autre, on craignait plus, à cette époque, d’abîmer les poumons des salariés que de dégrader  leur audition. Quand elle a dû quitter l’usine parce qu’elle avait trop respiré la poussière du ponçage, elle n’a pas emporté de très nombreux sons avec elle : ceux de la soufflette, ceux du « chef du four » ont moins d’importance, dans sa mémoire, que le poids des poteries qu’il fallait sortir des bacs à émailler, ou que la couleur de l’eau dans laquelle elle plongeait ses mains. Si on la lance sur le son des faïences de ménage qui ont survécu à la disparition de ce secteur de fabrication, elle ne se montre pas très experte à différencier celles qui sonnent clair et celles qui tintent sourd.

Mais en écoutant la voix de Mme Lejeune, on comprend bientôt sa relative indifférence au sonore. Cette voix qui raconte prend à témoin l’auditeur, peu à peu charmé par le ton du discours. Les mots s’éclipsent derrière la mélodie du récit, la variété de la prosodie, les modulations d’intensité qui émaillent ses propos.

On s’interroge, alors. Cette voix magnifique, de quelle audition est-elle le reflet ? D’un monde beaucoup plus ancien, sans doute, que les dix-sept années passées dans un atelier, ni plus ni moins bruyant qu’un autre endroit de l’époque, et dans lequel, de surcroît, on ne parlait guère. S’il est vrai que le grain de la voix est étroitement dépendant de l’environnement des premiers mois de l’existence, cette voix nous en dit plus, par elle-même, sur l’univers sonore de Bruère-Allichamps, que les mots dont elle se sert : elle évoque un mode de vie autrefois très tourné vers l’extérieur, des rapports sociaux fondés plus sur la parole que sur l’écriture, l’autorité reconnue aux récits des plus anciens.

Parler de son écoute, pour Mme Lejeune, ce n’est pas d’abord parler des sons qui l’entourent ou de ceux dont elle se souviendrait : c’est parler avec sa voix –avec les sons de ses mots-, et tandis qu’elle entend le son de cette voix, la faire écouter à son interlocuteur. Interrogée sur les sons, elle fait parler sa voix pour raconter sa vie. 

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