Quels sons fabrique-t-on, et quels sons entend-on à Bruère-Allichamps ? Comment l'ensemble des sons, qu'ils soient l'effet du travail ou la signature de la nature, la trace de la mémoire ou l'indice des relations humaines, dessine-t-il une appartenance commune à un territoire partagé ?
Comment les sons construisent-ils ce territoire autant qu'ils le révèlent ?
Chaque page de ce site répondra à ces questions. Bonne navigation !
La Bibliothèque de sons vous permettra de réentendre, de mieux comprendre, et peut-être de mieux apprécier les différents sons des lieux où l'on vit, aujourd'hui, à Bruère-Allichamps.
Gens du voyage
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Chaque vendredi soir, à Saint-Amand, un office évangéliste rassemble les Gens du voyage du canton. Ce moment important de cohésion sociale, pour la communauté, s’appuie sur un partage ritualisé des émotions, et il donne lieu, à la fin de l’office, à un long moment de lamentation collective.
L’expressivité des voix est ici portée à son comble. Elle entremêle, dans une confusion sonore recherchée et assumée, un art du chant, un art du pleur et un art de la parole.
Le flux sonore agit comme une houle, et comme une vague portant les participants. De la masse sonore indistincte surgissent à chaque instant des expressions individuelles, qui donnent au continuum sonore la force d’un discours. Les paroles, en partie indistinctes sont noyées de sanglots et, çà et là, de brefs cris. L’ensemble est soutenu par le discours du pasteur, qui intervient, au micro, en contrepoint de l’expression collective.
Le mode d’expression vocale rappelle de façon évidente les formes chantées de la musique des Tziganes de Roumanie, et cet art des pleureuses enregistré dans les années cinquante par le grand musicologue roumain C. Brailoïu. Cette séquence très émouvante manifeste également une culture très vivante de la polyphonie, dans cette société où « l’être ensemble » croise en permanence le sentiment de solitude et le besoin d’indépendance.
(Eglise évangéliste de Saint-Amand, 4 mars 2010)