Quels sons fabrique-t-on, et quels sons entend-on à Bruère-Allichamps ? Comment l'ensemble des sons, qu'ils soient l'effet du travail ou la signature de la nature, la trace de la mémoire ou l'indice des relations humaines, dessine-t-il une appartenance commune à un territoire partagé ?
Comment les sons construisent-ils ce territoire autant qu'ils le révèlent ?
Chaque page de ce site répondra à ces questions. Bonne navigation !
La Bibliothèque de sons vous permettra de réentendre, de mieux comprendre, et peut-être de mieux apprécier les différents sons des lieux où l'on vit, aujourd'hui, à Bruère-Allichamps.
Les chalets des abeilles
Adresse / lieux-dits : Route de La Férolle, 18200 Nozières
De même que le son de la scierie de Farges relève du patrimoine sonore de Bruère-Allichamps, de même les abeilles qui peuplent les ruches de M. Morel d’Herveux, apiculteur à Nozières, ne connaissent pas les frontières séparant les communes, dont elles butinent indistinctement les plantes. Le son de l’une de ces ruches, par un jour orageux de printemps, est celui d’une foule d’environ soixante mille individus, sujets d’une même Reine.
A trois reprises, on entend l’appareil servant à les enfumer pour dissiper leur agressivité à l’égard du preneur de son.
Si les abeilles ne connaissent pas la démocratie, le son qu’elles produisent, toutes ensemble, ne permet pas de savoir quel type de société humaine leur ressemble le plus. Car l’histoire en offre d’innombrables modèles, qui ont presque tous en commun de se faire entendre, à l’occasion, par un son qui paraît unique, mais dont on perçoit bien, en l’écoutant, qu’il résulte, comme celui-ci, d’une multitude de sons individuels. Les sons des foules humaines ne sont donc pas très différents. A ceci près, cependant, qu’ils procèdent par poussées passagères, de durée toujours limitée. Les abeilles, semble-t-il, ne savent que protester. A l’échelle de notre oreille, les foules humaines semblent plus pacifiques. Mais un immense micro enregistrant une foule –non pas une manifestation, mais simplement le métro parisien, ou un café de Bourges-, comme celui qui s’est introduit dans cette ruche, ferait sans doute douter de la sagesse humaine. Du moins, en matière d’environnement sonore.